Il y a un an jour pour jour Audrey Adam, CESF, était assassinée dans l’exercice de ses fonctions. La FSU s’était battue pour que ce meurtre ne soit pas passé sous le silence des médias et du Gouvernement. Si nous avons en ce jour une pensée pour elle, l’article ci-dessous, publié il y a quelque mois dans notre revue, revient sur ce drame et témoigne de cette invisibilité des travailleurs sociaux et médico-sociaux, et des violences pourtant présentes au quotidien.
« Le mercredi 12 Mai 2021, Audrey Adam, une Conseillère en économie sociale et familiale de 36 ans, a été tuée par arme à feu à Virey-sous-Bar dans le département de l’Aube. L’octogénaire à qui elle venait rendre visite, auteur présumé du tir mortel, a ensuite été découvert dans sa maison, où il venait de se donner la mort. Ce drame a créé un émoi malheureusement circonscrit à la communauté professionnelle des travailleurs sociaux, les médias préférant concentrer l’actualité sur les hommages à Éric Masson, policier du même âge, décédé brutalement lui aussi 15 jours plus tôt à Avignon. Pourtant pour Audrey Adam comme pour Eric Masson, il s’agissait d’une professionnelle, agente territoriale du service social aux personnes âgées du Département de l’Aube, qui a été tuée dans l’exercice de ses missions, dans le cadre d’une simple Visite à Domicile (VAD). Si cette tragédie vient agrandir la funeste liste des travailleurs sociaux décédés dans l’exercice de leurs fonctions, il est plus que nécessaire que les employeurs, y compris les employeurs territoriaux, ne marginalisent pas les violences du quotidien qui touchent nombre de professionnels du travail social et médico-social au nom de la rareté de ce type de drame ou d’une violence qui serait inhérente à l’activité. En la matière le conseil départemental de l’Hérault n’est pas exempt de tout reproche…
Des drames qui ne relèvent pas que de l’anecdotique
Dans les jours qui ont suivis, le chroniqueur social Yves Faucoup a égrené sur son blog la liste récente des professionnels victimes de violences ayant entrainé la mort, rappelant qu’Audrey Adam, comme aucun d’eux auparavant, n’avaient eu droit à des hommages nationaux (en comparaison aux policiers-es tué-es dans l’exercice de leurs fonctions). En effet, en mars 2015, Jacques Gasztowtt, éducateur spécialisé du Service Social de Protection de l’Enfance de Nantes, est tué lors d’une visite médiatisée par le père d’une enfant. En octobre 2017, Marina Fuseau, éducatrice spécialisée, est tuée de plusieurs coups de couteau dans un foyer éducatif de Poitiers. En août 2020, Morgane Nauwelaers, psychologue à Annecy, est tuée par arme à feu par l’homme qu’elle soupçonnait d’inceste dans un signalement. Enfin le 19 février dernier, Cyril Pierreval, chef de service d’un Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) à Pau, est tué par un pensionnaire. Ces décès de professionnel-les, comme celui d’Audrey Adam, sont rangés dans les colonnes des faits divers, loin, très loin des hommages nationaux rendus à d’autres professionnels ayant aussi connus un destin tragique.
Même dans ces circonstances dramatiques les travailleurs sociaux sont renvoyés, une nouvelle fois, à leur invisibilité.
Si les associations professionnelles et les syndicats, ont exigé du Gouvernement que ce drame ne soit pas imperceptible aux yeux de la République et de la société tout entière, il aura fallu l’insistance de tous, et notamment de la FSU, pour « arracher » une trop discrète reconnaissance… »