La FSU organisait le 12 juin à la Maison de la Chimie un colloque intitulé « Quel avenir pour la Fonction Publique ? » en lien avec le projet de loi dit « de transformation de la Fonction Publique ». Ce débat, animé par Didier Bourgoin, co-secrétaire de la FSU Territoriale avec comme invités, deux anciens ministres en charge de la fonction publique, Marylise Lebranchu et Anicet Le Pors, Daniel Guiraud maire des Lilas et vice Président de Paris Métropole, et bien entendu Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU.
Un aperçu de cette journée
Fonction publique : festival de critiques contre le projet de loi
Bénédicte Rallu – La Gazette.fr
La FSU organisait ce 12 juin un colloque sur l’avenir de la fonction publique au-delà du projet de loi en cours d’examen au Sénat qu’elle juge « destructeur ». Avec comme invités, les deux anciens ministres en charge de la fonction publique, Marylise Lebranchu et Anicet Le Pors, ainsi que le maire des Lilas, Daniel Guiraud. Tous très critiques vis-à-vis de la réforme, ils se disent toutefois « optimistes » en raison de la forte demande de service publics qui existe dans la population.
La FSU, l’une des neuf organisations syndicales représentatives dans la fonction publique, veut continuer le combat, même si le gouvernement « prépare la fin de la fonction publique » et « refuse d’entendre » l’opposition unanime des syndicats à son projet de loi, selon les termes de sa secrétaire générale Bernadette Groison. A court terme, a été annoncé un nouveau rassemblement syndical fin juin.
Débat dans le long terme
Si la bataille parlementaire semble perdue pour bon nombre d’acteurs, la guerre, elle, n’est pas terminée. L’organisation syndicale a souhaité réinscrire le débat dans une vision de long terme et prendre de la hauteur en organisant dès ce 12 juin un colloque à Paris sur l’avenir de la fonction publique. Elle a, pour l’occasion, invité des figures politiques emblématiques de la fonction publique que sont les deux anciens ministres : Marylise Lebranchu (socialiste, 2012-2016) et Anicet Le Pors (communiste, 1981-1984), ainsi que le maire des Lilas (Seine-Saint-Denis) Daniel Guiraud (socialiste).
Projet de loi « néfaste »
Le diagnostic est sans appel. Ce projet de loi « néfaste » constitue une « attaque sérieuse » contre le statut », qui va « brouiller » les choses entre le public et le privé, « aggraver les risques de conflits d’intérêts », organiser la « captation de l’action publique par le privé », critique Anicet Le Pors.
« Ce n’est pas une loi technique, c’est un tract politique !
Pour Marylise Lebranchu, ce texte « n’est pas une loi technique, c’est un tract politique ! La fonction publique en tant que telle vacille. Le service public a déjà vacillé. » Daniel Guiraud voit dans le projet de loi un texte « pernicieux et hypocrite car il crée les conditions d’une extinction du statut », rédigé pour la « start up nation » qui n’est « pas composée de fonctionnaires ».
Cependant face à ce tableau noir, les deux anciens ministres se disent « optimistes » car « le XXIe siècle sera le siècle de l’âge d’or du service public » prévoit Anicet Le Pors. Et « la demande de nos concitoyens est une demande de service public » se réjouit Marylise Lebranchu.
Besoin de recherche stratégique
Mais il y a besoin de réintroduire de la réflexion, de la stratégie, de la vision à long terme et de sortir de la pensée unique sur le poids trop important des dépenses publiques. Cela passe par exemple par l’installation d’une sorte de « conseil supérieur » de la fonction publique qui aurait ce rôle à l’instar de ce que réalisaient la DATAR ou le commissariat au plan. « Nous avons besoin d’un lieu de recherche stratégique au niveau de l’Etat. Aujourd’hui, on confie l’avenir à la direction du budget. C’est une erreur profonde et majeure », juge Marylise Lebranchu.
Revisiter les statuts et modéliser la fonction publique
Quitte à réformer, pourquoi pas ne pas revisiter les statuts particuliers, les grilles indiciaires, pousse Anicet Le Pors. Mais aussi codifier (un amendement adopté par l’Assemblée nationale le prévoit), « même si cela est délicat » en raison des craintes qu’une telle opération suscite chez les syndicats. Pourquoi pas non plus modéliser la fonction publique sur plusieurs décennies pour anticiper les besoins et donc les effectifs, par exemple de professeurs. « On se tromperait sans doute, mais cela aurait le mérite de poser la question », assure le père du statut de la fonction publique actuel.
Exporter le modèle français
Pour les deux anciens ministres, plutôt que de chercher à rapprocher le modèle français d’injonctions européennes « qui n’existent pas », la France gagnerait à l’exporter en développant les réflexions au niveau international. Car toucher à la fonction publique, c’est s’interroger sur ce que les citoyens veulent comme service public et donc réinterroger le projet de société.
Les fonctionnaires porteurs de valeurs
D’où la nécessité de « repartir à la conquête dans la bataille des idées pour installer une culture de la fonction publique car ce sont les fonctionnaires qui portent les valeurs. Le syndicalisme doit travailler là-dessus. Il faut sortir de l’opposition entre public et privé en travaillant à harmoniser par le haut. L’idée d’un statut de salarié est intéressante », a conclu Bernadette Groison.
Pour que le « modèle social continue à jouer tout son rôle », la FSU a lancé un appel à un dialogue social plus respectueux des organisations syndicales, à un pilotage non vertical de la fonction publique, à une amélioration de la formation des agents, à des investissements et des recrutements d’emplois statutaires et au respect du statut des fonctionnaires.