CONTRE la retraite à POINTS

Depuis mercredi soir et la confirmation du Gouvernement de suivre les propositions du rapport Delevoye, le mouvement social concernant la réforme des retraites s’est étendu aux organisations syndicales libérales appelées « réformistes », c’est-à-dire qui accompagnent les mesures gouvernementales, quelles qu’elles soient… Depuis plus de 4 jours donc, chaque expert médiatique, politique averti et autres syndicalistes réformistes répandent l’idée que la poursuite du mouvement social ne tiendrait qu’à l’abandon de la mesure concernant l’âge pivot, autrement appelé l’âge d’équilibre.

Si nous saluons l’idée que l’ensemble des forces syndicales se jettent (enfin) dans la bataille, gardons à l’esprit que seule une minorité d’organisations syndicales s’est fixée comme seule « ligne rouge » l’âge pivot à 64 ans. Comme si toutes les autres régressions portées par la réforme étaient subsidiaires… Cette logique pourrait n’avoir comme résultat à l’approche des fêtes de fin d’année que de retourner l’opinion publique contre les grévistes, et principalement ceux des transports. Il y aurait donc les « bons » grévistes d’un côté – soucieux de « sauver les fêtes e Noël »– et les « mauvais » grévistes de l’autre – qui ne pensent qu’à nuire au gentil contribuable qui travaille, sans se soucier du Noël des familles et des enfants. Cette partition de duettiste syndicat/gouvernement n’est pas nouvelle, mais est-il encore besoin de dire qu’elle lasse les salariés en lutte ?

 

L’illusion du choix binaire entre cette réforme et le statu quo

Certains syndicats, comme nombres de politiques et d’éditorialistes, opposent ceux qui souhaitent le changement (changement qui ne pourrait se faire qu’au travers du projet Gouvernemental) et ceux qui souhaitent le statu quo. Pourtant, pas une seule organisation syndicale ne veut en réalité ce statu quo, et toutes émettent des propositions de modernisations du système de retraite et des différents régimes notamment pour de meilleures pensions. Propager l’idée que seuls ceux qui sont en accord avec le projet gouvernemental d’un régime universel agiraient en faveur des retraites et des retraités est non seulement mensonger, mais relève de la manipulation de l’opinion.

 

L’illusion d’un mouvement social contre une réforme paramétrique

Si l’on suit l’actualité sociale, depuis mercredi tout est fait pour donner l’image d’une mobilisation qui n’a de légitimité que dans sa lutte contre l’âge « pivot ». Pourtant la quasi-totalité des mobilisations jusqu’à celle d’aujourd’hui se sont construites sur le rejet d’un système par point et non simplement sur des ajustements paramétriques de la réforme…

 

Les blocages dans les transports et les fêtes de Noël comme seul enjeu du conflit

Depuis quelques jours, les « analyses » médiatiques du mouvement consistent à se focaliser sur l’âge pivot et à décrire un mouvement social qui empêche les gens d’aller travailler, « pris en otages » par des salariés qualifiés de privilégiés voulant préserver leurs régimes spéciaux. De micros-trottoirs en micros-trottoirs, les auditeurs des radios et télévisions sont gavés par les reportages qui reprennent en boucle les incidences des grèves sur les usagers. S’ensuivent les indignations des ténors médiatiques, bien engoncés dans leurs beaux fauteuils en cuir et leur salaire à 5 chiffres, qui n’ont de cesse de dénoncer le côté amoral d’un mouvement qui va « gâcher les fêtes de Noël ». L’objectif étant de dénigrer les grévistes « bloqueurs », de faire en sorte de précipiter la fin du conflit social en le réduisant au seul objet de l’âge pivot. Et pour y parvenir il faut mettre en avant le seul syndicat porteur de moralité aux yeux des libéraux : la CFDT.